Le 2ème essaim

Les cycles défilaient, et Jalindra s’était habituée à la vie en solitaire. Elle s'était en effet réfugiée si loin dans le désert qu'elle ne croisait jamais personne, ce qui l'arrangeait bien.

Elle avait finalement trouvé la force de s'en sortir, se sortant petit à petit de l’abîme dans laquelle la souffrance l'avait plongée, en érigeant un mur contre ses sentiments.

Parfois, dans la tombée de la nuit, les souvenirs essayaient de refaire surface, mais elle les chassaient d'un revers de main, séchant rapidement ses larmes. Elle ne voulait pas se rappeler, elle ne voulait plus rien ressentir.

Elle vivait le plus simplement possible, chassant uniquement de quoi se nourrir et se vêtir. Elle se souciait bien peu de son apparence mais craignait la fraîcheur des nuits désertiques, aussi bricolait elle des peaux de bêtes, avec plus ou moins de succès.

Heureusement, elle avait trouvé une vieille épée, sûrement abandonnée la il y à bien longtemps, et la gardait précieusement, ayant laissé ses propres armes derrière elle.

Elle remarquait bien que les kitins se faisaient plus nombreux depuis quelques temps, mais ne s'en inquiétait pas, se contenant de les éviter et de s'installer toujours plus loin.

Cependant un jour, la réalité la rattrapa brutalement. Elle était occupée à faire un feu quand elle entendit le bruit de nombreuses pattes martelant le sol, le faisant trembler légèrement.

Elle se retourne, inquiète, pour voir surgir une multitude de kitins, les bêtes masquant l'horizon, et est prise d'un sentiment de panique. Elle avait bien entendu des histoires à propos du grand essaim, quand elle était petite, mais cela tenait de ces légendes qu'on raconte au coin du feu pour s'effrayer. Ça n'arrivait jamais, si ?

Elle sait qu'elle ne pourra jamais les combattre tous, et s’enfuie à toutes jambes, ne sachant ou aller, tandis que leurs rugissements résonnent dans son dos.

Alors qu'elle court à perdre haleine, elle repère soudain une petite grotte. Elle s'y précipite en se cramponnant à son épée, au cas où une bête aurait eu la même idée qu'elle.

Heureusement celle ci est vide, et elle fouille l'endroit des yeux, tandis qu'elle entend les kitins se rapprocher. Elle risque d'être repérée à son odeur, et cherche quelque chose pour boucher l'entrée dans un dernier instinct de survie.

Elle fini d'obstruer la grotte avec du bois mort et du sable, tremblante dans l’obscurité, quand elle les entends passer. Elle se laisse tomber au sol, reprenant son souffle péniblement, la peur toujours au ventre.

Que se passait il ? Elle avait bien participé aux combats lors des invasions qui avaient déjà eu lieu en ville, mais ils étaient loin d'être si nombreux ! Elle se sentait prisonnière de son abri, pourrait elle même sortir ? Et si ils restaient là ? Elle n'avait aucune vivres...

Elle s’endormit, plongeant dans un sommeil haché, perdant toute notion du temps dans le noir. A chaque réveil elle guettait le bruit des kitins, sachant qu'elle allait devoir se risquer à sortir, ne serais-ce que pour trouver de l'eau.

Après un énième réveil, elle risque un œil dehors, poussée par la soif insatiable qu'elle ressent. Elle se faufile, se faisant aussi discrète que possible, manquant tomber plusieurs fois, se forçant à ne pas crier de douleur en atteignant durement le sol.

L'oasis est en vue, et elle s'attend à devoir se battre avec la faune pour atteindre l'eau, mais l'endroit est désert. Les kitins ont tout ravagé sur leur passage, et, pour la première fois de sa vie, elle se serait sentie soulagée de croiser un varinx.

Elle se rue sur l'eau, avant de creuser, cherchant la moindre racine poussant à proximité de l'eau. C’était peu, mais il faudrait s'en contenter pour le moment, elle ne pouvait pas se risquer à faire un feu.

Elle finit par retourner dans la grotte, ou elle s'endormit en se demandant comment elle s'en sortirais ce coup ci...